FORMES ET DEFORMATION

premier janvier 2007         

Laisser apparaitre un contour de couleur ou de valeur différent suivant l'angle ou l'on se place pour regarder un dessin
Si l'on se deplace un seul trait de contour apparait sur le croquis
jmf

INFLUENCES et QUESTIONS

Depuis 1979, après ma sortie de l’école des Beaux-Arts.Ma démarche s’attache à la perception de l’objet dans l’espace et à l’interrogation de l’appartenance d’une création au domaine de l’art.
Cela m’a conduit à diverses réflexions sur la place de l’œuvre et de l’artiste dans un autre espace : l’espace social et économique et aux concepts d’oeuvre détournée, masquée, emballée.
L’une de mes premières œuvres exposée a pour thème «  l’Aurige vainqueur » : cette idée de l’emballage me conduira à diverses réflexions sur les matrices en positif ou négatif des volumes construits en plein ou en creux mettant en évidence la forme comme  déterminant premier de l’espace.

AUTOUR DE L’OEUVRE

1/  Sources d’inspiration

Ø Eléments d’inspiration collectés lors de randonnées inspiratrices  tels bois de ronce,  microprocesseur, mille-pattes, barbelé, mur cyclopéen, fortification, tortue, envol d’oies etc.

Ø La psychanalyse

Ø  l’art contemporain.

2/  Synthèse

 La sublimation et la synthèse de ces collectes de recherche conduit à fabriquer des sculptures qui n’auront pas une place anodine

 

Leur déclinaison en dimensions et matières et couleurs différentes leur confèreront des rôles et des situations sociales variées et polémiques

3/ Le processus de création

La démarche consiste à suivre la création de formes jusqu’à leur déformation liée à leur usage, voire l’éventuelle destruction des objets de grande consommation  récupérés et utilisés à nouveau (’ cosa mentale’ comme le disait Leonard de Vinci  ‘chose de l’esprit’)

 

Ses formes sont crées à partir d’un creuset commun ; elles ont bénéficiées d’un apport intellectuel et créatif dont la démarche les lie de manière irréversible.

Ces multiples isomorphismes ont un devenir complémentaire, un lien : oeuvre artistique, qui se perpétue, se ramifie en une pièce industrielle, un bâtiment, un objet commercial…

C’est l’unicité de leur forme qui prime, unique, variable dans sa dimension, sa matière sa couleur ainsi que dans son devenir et sa finitude.

 

Les créations relèvent de l’Intime et sont une expression de l’être profond.

Il y a la forme

Puis la matérialisation

Puis la destination

Enfin la destruction a plus ou moins long terme.

De ces 4 étapes la première naît dans l’imagination de homme :

- De sa relation avec la matière

- De la douceur rencontrée avec le métal poli

- De son sens des rythmes

- De ses approches sensorielles

- Du parcours établi depuis la matière brute et inerte à l’objet accompli.

L’imagination arrive avant la pensée :

 

Gaston Bachelard l’exprime avec une grande clarté :

« Avant la pensée il y a le songe

Avant les idées claires et stables il y a les images qui brillent et qui passent.

L’homme est un être qui pense mais d’abord imagine. »

 

Issue d’une même matrice ces formes pleines font apparaître des particularités de la matière et des propriétés inédites grâce à la combinatoire des matériaux et de la variation de la dimension, des granulométries variées, des fibres ou des cristallisations inattendues ; des sentiments nouveaux augurent des  perspectives d’exploration sur la matière et ses applications. »

Le regard porté sur l'oeuvre sort de la vision conventionnelle traditionaliste, muséographique forme exposée

forme utilisée

forme utile

forme monnayée

forme convoitée

forme émancipée

forme femme en d'autre terme.

même forme mais une destinée différente.

Q’une sculpture ou partie de cette dernière trouve des applications commerciales, industrielles ou fonctionnelles est  précisément dans la démarche souhaitée par l'artiste.

L’originalité du travail est aussi que ses œuvres sont sa vie d’où son implication professionnelle dans le devenir et la continuité de ses créations ;

Des créateurs souhaitent impulser dans leur démarche un axe sociologique différent, plus proche des grandes questions de société et des systèmes de production.

Des objets les plus divers sont entrés dans les musées :

- Porte-bouteille urinoir de Marcel Duchamp (il est particulièrement intéressant de voir que Marcel Duchamp s’est accaparé des objets industriels pour les sacraliser en œuvre d’art mais il ne pouvait pas en revendiquer la création) ;

- la soupe Campbell de Warhol ;

- compression de César ;

- accumulation de Arman.

Il est légitime qu’une même forme reproduite plusieurs fois devienne des entités différentes (L de Robert Morris) Pacemakers de siemens.

« Que des formes créées par mes soins soient des entités artistiques sociales physiques économiques, elles restent pour autant oeuvres  de mon esprit.

Nous ne sommes pas dans une démarche du ready-made mais du « ready-built » : une structure..... Des morphologies »

 

W.Kolher Psychologie de la forme, soutient « que les unités sensorielles ont reçu des noms, sont devenues richement symboliques et qu'on leur a reconnu certains usages pratiques, ce qui n'empêche pas qu'elles existaient comme unités avant que chacun de ces faits complémentaires leur fut surajouté. »

Le rôle même de l’objet créé :

Comme œuvre d’art qui poursuit sa destinée (« répliques qui comme le disait Marcel Duchamp "transmettent le même message que l'original »")

Comme élément perforant

Comme porte couvert

Comme porte crayon (au même titre que des foulards Matisse ou des porte- clés Dali vendu dans les musées)

Comme pince à papier.

Comme barquette de fruit

Comme emballage à foie gras

Comme composant d'un réchaud

Comme média financier pour l’artiste, « le business étant le plus beau des arts » selon Andy Warhol.

 La forme espace délimitée matérialisée par un dessin marque de manière indélébile sa filiation avec son créateur et se connote d’une valeur.

Ce n’est pas ce qui est dans le dessin ni autour mais le tout.

 Gardant un enchaînement de découverte dans la matière et l’espace lors de sa création (contrainte de l'outil, du matériau, variation des sentiments, inspiration confortée, changement d'échelle,).

Ces formes rencontrent les déformations multiples conférées à leur usage jusqu'à leur destruction finale sous forme de transfert.

Sous couvert de fonctionnalité on pourrait penser qu’il n’est plus possible d’agrémenter des objets voir de les imaginer.

La forme fonctionnelle  se cantonne à un changement d’état par une action délimitée dans un espace temps déterminé.

Le dessin, le modèle, l’esquisse se situent en amont par son immobilité et son inutilité dans un espace temps déterminé.

Le modèle d’un produit pose dans le temps un acte d’origine, un acte de naissance : la production est une étape aléatoire de sa vie d’objet .Elle ne peut effacer son identité.

 

LES ŒUVRES CONCERNEES

1) Percuteur

 

Percuteur 1996

 pièce unique 1998

Oeuvre devenu Totem et Tabou (cf. Sigmund Freud)

« Ce travail m'a permis d'approcher les contraintes de ce matériau noble : le métal. Il rappelle les éléments telluriques, du feu, du minerai et de la forge.

La douceur certaine d'une des faces est devenue celle du métal dressé, vaincu, humanisé.

L’autre face, hérissée, rebelle presque cristallisée, issue de la fusion des roches et des minéraux nous rappelle les aspects blessants du métal et représente la violence parvenue arme puis devenue outil.

Son équilibre lui permet d'être debout, couchée, dessus ou dessous. »

2) bark

 

 

 

 

La question est toujours posée sur l'oeuvre et la destinée de sa forme.

« L'idée de la muraille me laisser entrevoir un univers susceptible de rencontrer des formes qui côtoient mon action. La pierre taillée est à la fois oeuvre élément de construction apparente, cachée, masquée, pleine de fonctions et de rôles.

La recherche documentaire est partie de dessins de forteresse, de mur cyclopéen, de tortue.

 La richesse des constituants minéraux a inspiré la création de la sculpture.

Le ressenti donné par le volume change mille fois : lourd, léger, fondant …

Des effets sur la matière sont dignes d'intérêt au-delà de l'Art comme cette bark en alu enduite d'une peinture qui change de couleur suivant la température de sa masse. On sent bien ici les répercussions novatrices de l’art dans l’emballage, l’habitat, l’industrie.

Ou encore celle en cellulose qui de façon visuelle ne se différencie pas de celle en béton par le jeu des lumières sur la matière

celle en duvet

celle en morceau de verre

celle en glace qui fond lentement et où la mémoire des formes persiste par étapes.

La recherche sur la sensibilité des matériaux me conduit naturellement à valoriser l'oeuvre dans des domaines non conventionnels de l'Art.

Ces formes sont miennes et il aurait était très simple d'en faire d'autres différentes, de matières variées; une forme en positif ou en négatif est toujours la même par cet effet de contraste

Le fait de créer des structures qui peuvent devenir des contenants par effet de négatif prolongent ainsi la vie de l'oeuvre et son message conforte l’acte de l'artiste.

 

3) Emergence

 

L'envol d'un canard sur une surface d'eau calme et l'onde naissante est le départ, la source de cette forme que j'ai taillée dans le métal.

L’instant du déclenchement de l’envol sur une surface d’eau étale va laisser comme dans un miroir un reflet des formes et des forces physiques : instant en mémoire

 

J'ai exprimé les étapes de construction sur une plaque de verre en coulant de manière chronologique du métal, rappelant les étapes qui sont apparues lorsque j'arrachais peu à peu le métal de son bloc : émergences

Quand aux lignes de force, elles sont issues d’une sculpture plus ancienne annexe Control

 

   

L’élément destruction (déchet) de l’emballage est une voie explorée par les artistes   

 

 

 L'oeuvre d'art est à l'heure de la reproduction technique.

Nous découvrons des approches artistiques nouvelles presque de l’ordre du clonage. Les gènes de l'Art sont introduits dans l'industrie, la mécanique, la science par la réduction des échelles, le contrôle des proportions, par les algorithmes dans le fonctionnel mais aussi dans le fonctionnant.

Nous pouvons parfaitement mettre une sculpture minimaliste dans une mécanique comme pièce fonctionnelle. La même  sculpture peut devenir un meuble et aussi un amortisseur ou être dans une mécanique si c'est le choix et la démarche de l'artiste.

« Je revendique cette démarche comme part intégrante de mon oeuvre et surtout des formes que j'ai dessinées car elles ouvrent des mondes nouveaux comme champs d'expression».

Fonctionnel le mot est lâché.

Être fonctionnel, c'est être dans une action voulue impliquant des actes cohérents donc une dynamique que l'oeuvre ne rencontre plus une fois exposée.

Mes produits dérivés sont fonctionnels par le dérangement qu’ils causent  dont le plus grand dénominateur commun est leur forme.

Ici mes oeuvres poursuivent leurs vies par les artefacts successifs liées au produit dans lesquels elles prennent pArt.

Exemple 1:

Le percuteur est une sculpture au sens traditionnel qui irradie son message, ses codes dans

un porte couvert pour des repas de voyage, un porte stylo, une pince, un élément perforant.

Retourné c’est un bâtiment de type abri ferroviaire ou de transport en public.

Ma ligne artistique s’appuie sur l'oeuvre et son devenir dans la société et son système de production.

 

 

Ø Site Internet http://www.artactif.com/indexf/

 

VAINQUEUR

Pièce isomorphe

Mes formes sont crées à partir de la même matrice, issues d’un creuset commun.

Elles ont bénéficiées d’un apport intellectuel et créatif dont la démarche les lies de manière irréversible.

Ces Formes isomorphiques  ont un devenir complémentaires un lien :

Œuvre d'art, qui se perpétue, se ramifie en une pièce industrielle, un bâtiment voire un objet commercial.

C’est l’unicité variable dans sa dimension, sa matière, sa couleur, son devenir, sa finitude.

l'AURIGE

1ère expo à Bordeaux. 1978.